La résidence artistico-politique à Nantes

08/03/2021

Festin Zadiste !

Des anarchistes, des terroristes, des punks à chien, des paresseux qui vivent au crochet de la société, des mendiants... voilà comment sont qualifiés les Zadistes de Nantes dans la campagne de dénigrement menée par les médias mainstream.

Le collectif Festin Comm'un a décidé de les rencontrer le dernier week-end de février pour échanger sur leur lutte, leur.s collectif.s, leur lien à la terre et leur organisation. Une délégation du Comité de Pilotage (Copil), soutenu par des membres et amis, a fait le déplacement et organisé une résidence artistico-politique au sein de ce vaste territoire autonome.

Le collectif Festin Comm'Un a été créé pour imaginer, au travers de pratiques artistiques, des espaces de parole, de dialogue et de débats pacifiés autour de la politique culturelle et du referendum en Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Zoreilles, Caldoches, Kanak, métisses, toutes les ethnies et toutes les sensibilités politiques sont représentées dans notre collectif. Ce qui nous motive, c'est le vivre ensemble, le fameux « Destin Commun » défini dans les accords de Nouméa.

La construction d'une société alternative non motivée par le gain, l'égo et le prestige dans la ZAD de Nantes (Zone à défendre) nous interpelle et nous donne envie de créer une rencontre qui sera bien plus fructueuse que nous ne l'avions prévue, c'est un réel métissage entre culture kanak et culture zadiste qui s'est produit. D'un côté un groupe d'habitants écologistes, humanistes, liés à la terre, au partage et à l'épanouissement de chacun pour qui la lutte contre l'état a été rude et violente... de l'autre un groupe hétéroclite, porté par l'amour, l'émancipation, la volonté d'en finir avec une opposition historique entre deux blocs qui n'arrivent pas à trouver la voie d'un consensus et la détermination à éviter une éventuelle guerre civile meurtrière. 

Le programme du week-end était axé sur la place de la femme dans la société kanak. En matinée, des ateliers de parole tournants ont permis aux membres de la délégation de raconter le quotidien des femmes en Kanaky-Nouvelle-Calédonie et la dichotomie entre traditions et modernité qui fait que la femme calédonienne reste toujours en retrait. Finalement, c'est une vraie rencontre qui a eu lieu, les mots, les maux, de chacun.e ont résonné en chacun.e de nous. La condition de la femme est un vrai sujet au cœur des préoccupation sur la ZAD.

L'après midi a été consacré aux pratiques culturelles et culinaires : préparation d'un bougna, avec transmission sur la place de l'igname dans la culture kanak, réalisation d'un titre métissé entre Rap et ballade kanak, ateliers de sculpture, de sérigraphie, de calligraphie, toujours dans la rencontre de deux mondes qui ont beaucoup en commun.

Evidemment, une fête et un festin ont conclu cette rencontre historique qui n'est décidemment pas la dernière... Les Zadiste et Festin Comm'un marchent désormais côte à côte sur le sentier kanak qui nous mènera bientôt vers un autre peuple en lutte et encore d'autres après celui-ci ! La coutume de départ a été le dernier moment fort de ce week-end, beaucoup d'émotions, de partage et une « zadisation » de la coutume kanak à plusieurs voix.

On est venu proposer une idéologie Pacifique et pacifiste dans la ZAD et ils nous ont convaincu par leur culture communautaire du soin du vivant. Comme dit Benji : « Le week-end est fini mais la rencontre ne fait que commencer »

Charlotte Desfontaine

© 2021 Festin Comm'Un | Tous droits réservés.
Optimisé par Webnode Cookies
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer